En attendant l'hypothétique virage à gauche du Sénat fin septembre, une première sous la Ve République, une visite du palais du Luxembourg s'impose. Deux journalistes, dont Suzette Bloch, de l'Agence France-Presse, qui y passe ses jours et parfois ses nuits, l'ont exploré ; des caves bourrées de grands crus au «plateau», l'estrade où trône le président, Gérard Larcher.
Ici, la règle d'or est l'opacité. L'élection des sénateurs par 150 000 grands électeurs est «un vaste système de cooptation politique», entre 10% de délégués, pour la plupart amis, et une grande majorité de représentants des communes, tout aussi affidés. Celle du président, deuxième personnage de l'Etat, est «aussi complexe que celle d'un pape», et donne lieu à «une bataille intense, une espèce de guerre de clans», où «tout compte, les forces politiques, les groupes de pression, les amitiés personnelles, les groupes de spiritualité».
Une fois dans la place, ce palais aux 1 300 fonctionnaires parmi les mieux payés de la République (un agent en fin de carrière touche 6 310 euros mensuels et un administrateur 21 000 euros), les élus découvrent les mille et un privilèges de la fonction de sénateur. Passé les portes du Sénat, les mots «rigueur» ou «restriction» semblent s'évaporer. Le président, comme le sortant Christian Poncelet, se voit attribuer à vie un appartement de 200 mètres carrés dans le VIe arrondissement de Paris. Les questeurs disposent, provisoi