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Libération

La mort saisit le vif

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publié le 15 septembre 2011 à 0h00

La semaine dernière, au terme de son déjeuner de rentrée chez Drouant, le jury Goncourt a eu la riche idée d’inviter six lycéens pour le café. Il reste de cet événement trois photos et quatre déclarations. Les images : cela ressemble à une visite des petits-enfants à la maison de retraite. Les vénérables jurés sont encore attablés devant les reliefs du repas. Des fonds de vin rouge stagnent dans les verres, certains des convives ont l’œil vague. Au second plan, debout derrière les ancêtres, la nouvelle génération un peu intimidée est en train de constater qu’on ne s’emmerde pas dans les salons des cantines chics. La photographie est un art impitoyable : la scène évoque moins la transmission que le désastre.

Les déclarations, ensuite : «Nous, on a un couvert. Dans l'autre académie, on a un fauteuil où l'on s'endort», a hasardé Patrick Rambaud, qui semble avoir renoncé à l'immortalité pour une épaule d'agneau de lait confite et une soupe aux pamplemousses et framboises à la citronnelle. «C'est bien de montrer aux lycéens quelle tête nous avons, si nous sommes sympas, et où nous travaillons», a ajouté la présidente Edmonde Charles-Roux dans un grand élan de transparence et de jeunesse.

C'est vrai qu'ils sont tous vachement sympas dans la bande. Mais s'ils ont leur gamelle chez Drouant plutôt qu'au zoo, c'est seulement parce que l'aquarium des requins était déjà plein, a dit une mauvaise langue dont le nom nous échappe (Macé-Scaron empruntant à Guitry ?). Cette o