Après le célébré Sukkwan Island (Prix Médicis 2010), Désolations, le dernier roman de David Vann décrit l'état de décomposition d'un couple après trente ans de mariage. Tragédie impeccable dans un univers hostile en Alaska. Entretien avec l'auteur américain de 44 ans, curieux et rieur.
Désolations évoque, comme Sukkwan Island, le délitement de relations familiales…
Sukkwan Island évoquait une relation archétypale entre un père et son fils ; ce roman-ci parle d'un mariage en bout de course. La connection entre les deux tient dans l'antagonisme. Jim et Gary mettent une pression similaire et une forme d'aveuglement dans le rêve qu'ils poursuivent. Et ils sacrifient le protagoniste, respectivement Roy et Irene, à leur rêve. La gestation des deux romans a été similaire. Sukkwan Island m'a pris dix ans pour arriver à écrire sur mon père, et je l'ai achevé en dix-sept jours. J'ai commencé Désolations il y a quatorze ans, à 30 ans. Il y a deux ans, en marchant sur un lac gelé, j'ai eu une vision, celle d'Irene qui le traversait. Je me suis précipité à l'hôtel pour écrire la scène. Je savais que l'histoire allait se concentrer sur le paysage, qu'elle allait commencer en été et se terminer en hiver. J'ai écrit quatre heures chaque jour, pendant cinq mois et demi.
Pourquoi exprimer le mal-être d’Irene par une épouvantable migraine ?
J’ai vécu moi-même de terribles maux de tête. Je ne pouvais ni