C'était durant l'horreur d'une profonde nuit, quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle. Lord Byron et quelques amis, réunis l'été 1816 sur les bords du lac Léman, lisaient des histoires de fantômes et de spectres… Lorsque le poète mit au défi ses hôtes d'écrire le meilleur et le plus abominable récit d'horreur. La jeune Mary Shelley se piqua au jeu et rédigea une nouvelle titrée Frankenstein ou le Prométhée moderne.
A priori pure création littéraire - contrairement à Dracula, autre mort-vivant célébrissime, inspiré du seigneur transylvanien du XVe siècle Vlad Dracul, l'Empaleur -, l'histoire du savant fou Victor Frankenstein qui donne vie à un monstre semble être directement sortie de l'imagination fiévreuse de la romancière anglaise.
Et pourtant, deux chercheurs, historiens spécialistes de la Roumanie et des Balkans, mettent à mal ce mythe en retraçant les véritables origines du conte : la saga de la famille Frankenstein, une des plus anciennes d’Allemagne ; l’histoire de leur château près de Darmstadt ; et enfin, la vie d’un certain Johann Conrad Dippel (1673-1734), théologien hérétique, homme de science et alchimiste sulfureux qui naquit dans la forteresse et tenta des années plus tard de la racheter aux seigneurs du lieu en échange de mystérieux secrets… L’affaire ne se fit pas et le savant fou mourut quelque temps plus tard dans des conditions mystérieuses.
De quoi alimenter les légendes à travers les siècles, et nourrir le mythe de Frankenste