Passionné par les représentations et les mises en jeu du corps humain, David Le Breton écoute et dissèque les sons des voix humaines. Dans Eclats de voix, une anthropologie de la voix, le professeur de sociologie, membre de l'Institut universitaire de France, décortique les mystères de notre organe sonnant en étudiant, non pas la parole et le sens des mots, mais la vocalité et l'impact qu'elle produit sur celui qui écoute : «Une anthropologie de la voix consiste dans ce paradoxe de ne plus écouter la parole mais la qualité de sa formulation, ses vibrations sonores, affectives, ses singularités.» Plus loin, Le Breton souligne qu'«exister, c'est donner de la voix pour alimenter les échanges et entendre celle des autres». Ainsi, selon l'auteur, la voix s'inscrit-elle dans un système identitaire tributaire des rapports sociaux car «le locuteur emprunte une voix propre à la particularité de la personne qui est face à lui et à la teneur de son propos».
Confusion des sexes au téléphone, voix rogue du supérieur, premier cri du bébé et silence du mort, voix artificielle de la machine, chœur orgasmique à deux voix ou plus si affinités, Le Breton parcourt les tessitures et dévoile avec sensibilité l'émotion qui résonne en l'autre, ce «miroir sonore», celui à qui il ne restera irrévocablement plus que le sourd souvenir des «voix chères qui se sont tues» (1), comme l'a écrit Verlaine.
Silence du mort mais aussi silence du sourd, l'auteu