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Libération

Henry James, précis d’incertitude

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publié le 22 septembre 2011 à 0h00

En tête du premier volume Pléiade des Nouvelles complètes d'Henry James dont la parution s'achève aujourd'hui avec les tomes III et IV (1), Evelyne Labbé cite un article du Kansas City Morning Post à la mort du «sujet britannique», en 1916 (il était né américain en 1843) : «Mr James se refusait à satisfaire la demande du public ; ses romans étaient empreints d'une philosophie particulière, se terminaient souvent abruptement et laissaient le lecteur en proie au doute.» Les phrases du journaliste n'étaient peut-être pas bienveillantes mais elles sont justes et s'appliquent tout autant aux nouvelles. Quoiqu'il y ait peu de raisons de rapprocher les deux auteurs, James semble avoir inclus bien avant Bertolt Brecht l'idée de «distanciation» dans son travail. Chez lui, c'est autant le personnage que le lecteur qui est tenu à distance. La maîtrise est sa règle. «Rien n'est plus facile que l'improvisation, cet écoulement ininterrompu de l'invention, mais elle est tristement compromise dès l'instant où le courant déborde de son lit et provoque une inondation», écrit-il dans une préface au «Tour d'écrou», nouvelle qui ouvre le dernier tome de cette édition des cent douze nouvelles (plus une inachevée). Joseph Conrad voit en James «le plus civilisé des auteurs modernes» et, à propos de «l'Elève», dans le tome III, vante un récit «à la surface duquel affleurent les réserves d'émotion que l'auteur recèle en tan