Menu
Libération
Critique

Volée de baisers

Article réservé aux abonnés
Un essai bien embouché de Belinda Cannone
publié le 22 septembre 2011 à 0h00

Qu'on se le dise : ce livre n'est pas une plongée autobiographique dans une «open kiss party», ni un recueil de recettes sur la meilleure manière d'embrasser. A peine si Belinda Cannone s'autorise un conseil, à retenir pour ceux qu'elle appelle les «embrasseurs» : «La poire… rien ne vaut la poire pour rendre l'haleine délectable. Ne jamais se résoudre à la menthe qui dénonce l'artifice et l'intention. La poire, mine de rien, parfume et sucre la bouche, délicieusement et avec naturel…» A bon entendeur.

Le ton est donné, conservé de bout en bout, gourmand et malicieux, pour un exercice qui ne s'y prête pas si facilement : le Baiser peut-être (le titre est emprunté à Picasso) est bel et bien un essai philosophique, encyclopédique même, dans lequel l'auteur s'est lancée… inévitablement : «Je sais ne rien savoir du baiser que ce que j'en ai éprouvé mais j'aime parfois comprendre mes émotions.» Voilà qui touche à l'universel. Chacun y retrouvera ses propres sensations tant le baiser appartient à la vie («quels pauvres amants sur notre planète méconnaîtraient le baiser ?») et pourtant découvrira ici et là des sources intarissables de questionnements inattendus.

Secret. Belinda Cannone raffole de ce contact des bouches et s'accorde avec Francesco Patrizi, philosophe italien de la Renaissance, théoricien du baiser : «Rien ne brûle ni ne réchauffe si ce n'est le feu. De même, nul baiser n'est assaisonné de douceu