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Libération
Critique

Désordre Tout sur l’anomalie Berlusconi

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publié le 24 septembre 2011 à 0h00

Il est vrai que tout le monde le demande : «Mais comment avez-vous pu, vous, les Italiens ?» Pas besoin de finir la phrase, chacun pense à l'anomalie, à l'aberration, à l'inexplicable propension (masochiste ?) qui a porté un peuple à installer au pouvoir «un entrepreneur au passé trouble et aux amitiés dangereuses», tel que Silvio Berlusconi.

Député européen, élu en 1994 sur les listes du PDS (démocrates de gauche), journaliste, écrivain à succès (Enquête sur Jésus, les Secrets du Vatican…), homme de télévision, Corrado Augias dit lui-même avoir deux patries, Rome et Paris. Aussi est-il à même d'expliquer aux Français comment ce qui semble traduire un infranchissable écart - d'un côté «un pays d'excellence pour la mode, le design, l'architecture, la musique, certains sports, la cuisine, le vin et une qualité de vie qui reste globalement bonne» ; de l'autre «le pays du désordre, d'une vie politique confuse et inefficace, d'une corruption diffuse, d'une criminalité agressive et d'un Sud en état chronique de sous-développement» - constitue un système extrêmement complexe, d'où sont nés et Mussolini et le «despotisme doux» du berlusconisme.

Augias rappelle d'abord les faits récents qui ont permis l'ascension du Cavaliere : le vide politique laissé par l'opération «Mains propres» qui balaya «une classe politique entière par la voie judiciaire», le coup de génie de transformer en parti Publitalia, la st