C'est la grande expo de la rentrée à la Halle Saint Pierre, à Paris, autrement connue comme musée de l'art brut : «Hey ! Modern art & pop culture» (1). On y trouve accrochés aussi bien des dessinateurs qu'on suit depuis leurs débuts (Ludovic Debeurme, Ruppert et Mulot ou Robert Crumb) que des classiques de l'art timbré (Henry Darger et son royaume de gamines toxiques, l'écrivain michaldien Pierre Bettencourt ou le Picard dégelé Clovis Trouille) et des nouveaux : Amandine Urruty, championne du Bisounours en sucette, ou Mischa Good et ses éléphants bittesques.
Pour ceux qui n'ont pas la chance de faire le voyage, l'expo existe en catalogue mais Hey ! est surtout une revue trimestrielle bilingue mêlant l'ancien et le neuf, «l'esprit de la rue et du populaire», le dessin animé, le jouet, les tatouages et le graffiti à la recherche d'un art savamment dégénéré. Avec, dans ce numéro 7, un savoureux encart Winshluss.
S’il fallait dire les thèmes constants des œuvres choisies par Anne & Julien dans la revue qu’ils ont créée, on alignerait assez vite : une obsession du corps sadisé, surérotisé, transformé en bête voire en banane (Lin Shih-Yung), envahi à sa surface comme dans ses entrailles d’éléments sursignifiants, devenu blason ésotérique ; un foisonnement de détails dans des illustrations vertigineuses (on se croit toujours dans un enfer boschien) dont chaque personnage, forme, trait, s’ouvre sur d’autres éléments plus petits, qui viennent changer l’histoi