Dans une de ses nouvelles, Zakhar Prilepine est perdu au milieu d'une forêt. Il est avec son frère Valiok, ils sont ivres de toutes les bouteilles de bière dont ils se sont munis «pour la route», boire est une question de méthode, et une activité commune aux onze textes, sauf le dernier (car le mariage ne fait pas bon ménage avec l'alcool), du recueil Des chaussures pleines de vodka chaude. Des chaussures neuves font toujours mal aux pieds, chacun a son secret pour les assouplir, la vodka chaude en est un. Zakhar et son frère, le jour de la forêt, n'ont pas ce problème de chaussures. Ils coupent à travers bois afin de rejoindre le village où les attend une partie de pêche. Ils ont raté leur train, en ont pris un autre, ont manqué l'arrêt, bref, l'ivresse n'est pas bonne conseillère. Elle désoriente, c'est rien de le dire.
Ogresse. Les deux lascars frigorifiés dans la forêt, égarés comme des enfants, rencontrent l'ogre et sa femme. Ils sont arrivés à un village, qui n'a pas de nom, dit la femme, «personne n'a besoin de nous appeler». Il flotte une odeur de charogne dans la grange où les paysans les logent aimablement. Ils fichent le camp, retrouvent les angoisses de la forêt, finissent par arriver à bon port, on se demande comment, mais pour eux, qui vivent dans l'instant, il n'existe pas de mystère, seulement le hasard, protecteur ou malfaisant. La nouvelle, «Un village mortifère», se termine sur une note d'horreur, c'est la seule o