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Libération
Critique

T’as vu le Topor ?

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33 nouvelles de l’écrivain et dessinateur avec phallus et mort qui rôde
publié le 6 octobre 2011 à 0h00

Chatouilles… «En tout cas, il a une chose qui me fait plaisir : je ne suis pas chatouilleux. Mais alors pas du tout ! Une chance que j'ai. Tenez, sous les bras… rien. Pas la moindre envie de rire.» Heureusement. Car son arrière-arrière-grand-mère l'était, elle, chatouilleuse. Les yeux larmoyants d'hilarité, sans pouvoir reprendre son souffle, elle en est morte. C'est un truc de la vie tout simple, mais que Topor prend sur son autre versant. Contempler l'amont du quotidien le rend farfelu. Tenez, il n'a pas peur des ascenseurs. Malheureusement, il y a les escaliers. Tout peut y surgir : un monstre, une bête féroce, voire des légions de névropathes. Quant aux vaches noires, elles portent la poisse. «Souffrir, mourir, c'est le lot de l'humanité. N'empêche que s'il y avait moins de vaches noires, les merdes seraient pour les autres, et moi je passerais au travers.»

Les trente-trois nouvelles rassemblées sous le titre Vaches noires agissent comme des petites chatouilles. Légers, décalés et avec leur petite dose de cruauté jouissive. Mais un petit bonheur, aussi minuscule soit-il, promet Topor, vaut mieux qu'un grand malheur. Composé en 1996, un an avant sa disparition à 59 ans, par cet artiste multiple (écrivain, dessinateur, chansonnier…), ce recueil inédit parle de la fuite du temps, de l'aliénation à l'argent, du phallus ou de la mort qui rôde. Draguant avec le fantastique et l'absurde, ces histoires donnent l'impression de n'être jamais là p