Les touristes en mal de quiétude passeront leur chemin. Les éditions Cartouche - qui se sont fait une spécialité de dénicher des destinations improbables parmi des peuples introuvables qui baragouinent des langues impossibles - récidivent avec un voyage animé chez les Salars. L'olibrius qui conduit l'expédition est Alexandre Papas, un historien du CNRS spécialiste de l'Asie centrale et de la mystique musulmane. En voyageur instruit, il est parti «déceler du réel» dans un «carrefour turco-mongolo-tibéto-chinois» où 100 000 âmes salares chahutent les siècles, les érudits et les autorités politiques et religieuses.
Car - «pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué» -, cette minorité chinoise établie dans le Tibet oriental divise les historiens : «Pour les uns, les Salars sont des Ouïghours venus de la région d'à côté, le Xinjiang septentrional ; pour les autres, c'est un peuple d'Asie centrale qui au XIVe siècle migra jusque dans le Qinghai.» Avec pour compagnon Hasan, un «vieillard à longue barbe, mais à la conduite sportive» et Yusuf, un orientaliste salar, Papas démarre avec la légende de Kharimang et Ahmang dans ces confins hostiles et chaotiques.
Leur road-movie historico-géographique donne parfois le tournis : ils croisent des Saralogues, un maître soufi de Kashgarie, le «vénérable Salihi». Aux XVIIIe et XIXe siècles, «l'élite religieuse salare préféra souvent le sabre au cal