Menu
Libération
Critique

Enluminures aux bestiaires

Article réservé aux abonnés
Un «beau livre» de l’historien médiéviste Michel Pastoureau.
Livre d'heures de Jean de Montauban - Après avoir été chassés du Paradis terrestre, Adam et Eve font pénitence dans le Tigre (ou le Jourdain) et sont tentés à nouveau par le Diable. (Bibliothèque des Champs Libres / Flickr)
publié le 8 octobre 2011 à 0h00

Le cerf vit mille ans, la belette conçoit par la bouche, le bouc a le sang si chaud qu’il traverse le diamant, l’autruche, elle, peut avaler n’importe quoi, y compris les objets en métal. Et ne parlons pas des dragons, griffons, licornes et autres centaures qui peuplent cette surprenante ménagerie.

Bestiaires du Moyen Age n'est, on le constate, pas un traité de zoologie très rigoureux. Pourtant, le sujet est on ne peut plus sérieux, comme en témoigne ce «beau livre» illustré de miniatures, enluminures, dessins et tableaux.

Historien, spécialiste des couleurs, des images et des emblèmes, Michel Pastoureau enseigne l’histoire de la symbolique dans le monde antique et médiéval. Un univers où se mêlent vie quotidienne et nature sauvage, naissances et morts, religion et croyances païennes.

Objets de toutes les interprétations, les animaux - que l’on retrouve dans les fables et aux frontons des églises romanes - sont au cœur des allégories sur la création, la foi, le démon de la chair ou la bestialité de l’homme. Une approche qui relève plus de l’histoire culturelle que de l’histoire naturelle.

Ainsi le singe, un des animaux les plus proches de l’homme (avec l’ours et le cochon) : le Moyen Age chrétien le pare de tous les vices, car comment Dieu, qui créa l’homme à son image, pourrait-il accepter une telle caricature ? Malin, obscène, obsédé… la scolastique finit par trouver une explication à cette erreur de la nature. Il ne ressemble pas à l’homme, il l’imite, simule, triche