Le prophète Raphaël Sorin l'avait annoncé en levant les bras au ciel : Emmanuel Carrère et son Limonov allaient «vitrifier» la rentrée. Résultat, le livre a été écarté de la sélection du Goncourt dès le deuxième tour. Et maintenant ? Pour réveiller la saison des médailles et des brasseries chics, faudra-t-il lâcher Edouard Limonov dans Paris avec une kalachnikov dans chaque poing ? L'intéressé nourrit d'autres projets pour les prochaines semaines, nous a-t-on assuré.
Reste Michel Houellebecq. L'homme qui sait si bien faire vibrer la vacuité de l'époque est devenu l'increvable roue de secours des automnes germanopratins mollassons. Quand il n'est pas là, on s'inquiète : est-il mort, a-t-il été enlevé par d'étourdis extraterrestres ? Quand il est là, l'inquiétude monte d'un cran : quelle énormité va-t-il encore sortir ? En cette rentrée, l'auteur des Particules élémentaires flotte dans un état intermédiaire, presque quantique : il est là sans y être vraiment, par la grâce d'un livre écrit par son traducteur brésilien, Juremir Machado da Silva. Il y a quatre ans, Juremir et sa compagne ont entraîné Houellebecq dans une virée touristique de huit jours en terre patagonne. Juremir en a ramené de merveilleux souvenirs ainsi que des propos plus houellebecquiens que nature qu'il distille dans En Patagonie avec Michel Houellebecq (CNRS Editions). Michel H. devant des lions de mer : «Je n'ai jamais vu d'animaux aussi bas de gamme […]. Je suis sûr