C'est une commande, non pas de la SNCF, à qui cela pourrait cependant donner des idées, mais du festival Paris en toutes lettres, au printemps. Joy Sorman a passé une semaine «en immersion» à la gare du Nord, et en voici le résultat, un petit livre affûté qui arrive à point nommé. Il commence le lundi 2 mai à 16 h 40, avec «Arrivée», et se termine le dimanche 8 mai à 12 h 43 : «Bye bye». Chaque journée est subdivisée en épisodes, certains constitués d'une seule phrase, à chacun son heure et son titre, avec le même goût que le service public pour l'horaire à la minute près. Un gros cadran, sur la couverture, montre que la relation au temps importe, sans que ce soit, du moins en apparence, le sujet du livre.
Accidents. «Gare du Nord, un train part toutes les trois minutes.» Ou bien : «La gare du Nord est la première d'Europe : 600 000 voyageurs par jour.» Et : «La gare du Nord s'étend sur 80 000 mètres carrés.» Le nettoyage nécessite une fermeture de trois heures la nuit. 10% des accidents de l'ensemble du réseau ont lieu dans la zone nord, qui détient le record du nombre de morts. Le «responsable de la gestion de crise», lorsqu'il donne ce renseignement, se refuse à appeler «suicides» les accidents de personne. C'est Joy Sorman qui emploie le mot au cours de la discussion. Elle a une manière simple, décontractée, et littérairement juste d'intervenir dans son reportage. Soit pour indiquer qu'elle aurait pers