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Libération

Hourra pour les riches

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publié le 15 octobre 2011 à 0h00

La France a un problème avec l’argent. Pas celui que désigne encore, dans un cliché tenace, une vieille tradition catholique et rurale qui a longtemps cultivé une hypocrisie aussi honteuse qu’ambiguë en la matière. Il ne faut pas chercher non plus du côté de ce «substrat égalitaire» ou égalitariste qui teinte encore, ici ou là, notre théâtre démocratique, surtout en ces temps de crise. Il semble au contraire que ces lectures historiques nous aient aveuglés.

Ces trois dernières décennies, la France s'est en réalité fort bien accommodée de la réussite individuelle et de la richesse démesurée, entourée désormais d'un prestige explicite et même d'une fascination populaire. La société française n'a pas seulement fait preuve d'une acceptation sociale face à l'accumulation de la richesse, elle l'a cogérée, ou plutôt coproduite, comme on le dirait d'une superproduction hollywoodienne. De nouveaux acteurs - traders, avocats d'affaires, sportifs, comédiens et stars du show-biz - ont ringardisé les capitaines d'industrie de papa. Sous les acclamations générales et une complicité collective, y compris des spectateurs les plus malmenés… C'est la thèse dérangeante, puissante et remarquablement étayée de Thierry Pech, dans le Temps des riches. N'en déplaise aux tenants des explications trop idéologiques, il n'y a pas «d'autonomie économique de la richesse des personnes physiques». Pour démonter la mécanique de ce renversement politique, l'ancien secrétaire général de la Ré