Au mois d'août, le cahier Eté de Libération a publié une série de huit photographies qui, sans aucun trucage, exhibaient des objets insolites concoctés par des artistes contemporains. Entre autres, la camionnette molle d'Erwin Wurm ou l'étui à arrosoir de Wim Delvoye. Les éditions Hoëbecke, qui nous avaient fourni en avant-première ces objets zinzins, en proposent quarante-huit autres dans un beau petit livre conçu par Laurent Boudier, critique d'art.
On y découvre le pull-over à trois seins, si pratique quand on a choisi louve romaine en troisième sexe. Mais aussi le sac en pain complètement miche. Et un escalier sans fin, comme dans un nouveau cauchemar d’Escher.
Dans sa préface, Laurent Boudier, l'auteur de l'ouvrage, rappelle la généalogie artistique de ce genre de loufoqueries au fil du XXe siècle : de la roue de bicyclette sur tabouret, conçue par Marcel Duchamp en 1913, jusqu'à la tasse de petit-déjeuner en fourrure de Meret Oppenheim. Laurent Boudier parle de «virée ironique de l'inutile». Et d'humour aussi. Telle la lunette pour un œil, de la maison Martin Margiela, proche de l'histoire du fou qui marche avec une passoire à la main pour passer le temps. Mais l'histoire de fou est cousine de la fonction critique.
Ces objets familiers (table, chaise, sofa, vélo…), mais transfigurés (mous quand on les savait durs, ineptes quand on les croyait pratiques), agissent comme un parfait contre-feu à certains coups de chaud du design contemporain, lor