«Connais-toi toi-même», annonce le bandeau autour de Dans les forêts de Sibérie. Sylvain Tesson a passé six mois seul dans une cabane en bois, près du lac Baïkal. Il a commencé par décaper son isba, enlaidie par l'impardonnable mauvais goût de l'occupant précédent qui avait mis du plastique, du carton et du lino partout. «Ce déshabillage met à nu les rondins perlés de résine et un parquet jaune pâle, de la couleur de la chambre de Van Gogh à Arles.» Il a fait poser «une fenêtre de pin blond à double vitrage» pour la lumière, c'est beaucoup mieux que ce qu'il y avait. Un tel environnement est propice à la méditation, à la philosophie, au développement durable de la pensée.
Février : «S'installer dans le réduit d'une hutte sibérienne, c'est gagner la bataille contre l'ensevelissement sous le tombereau des objets. La vie dans les bois conduit à se dégraisser. On s'allège de ce qui encombre, on déleste l'aérostat de son existence.» Avril : «Cette vie procure la paix. Non que toute envie s'éteigne en soi. La cabane n'est pas un arbre de l'Eveil bouddhique. L'ermitage resserre les ambitions aux proportions du possible. En rétrécissant la panoplie des actions, on augmente la profondeur de chaque expérience.» C'est le citadin en lui que fuit Sylvain Tesson.
Le héros du nouveau roman de Douglas Kennedy, Cet instant-là, a toujours voulu s’échapper. Un long flash-back le ramène à sa jeunesse, dans les années 80 à Berlin.