Gilles Philippe n'avait jamais écrit sur Marguerite Duras avant de diriger l'édition de ses Œuvres complètes dans la Pléiade. Né en 1966, professeur de stylistique à l'université Paris-III Sorbonne nouvelle, il est notamment l'auteur de Sujet, verbe, complément. Le moment grammatical de la littérature française (1890-1940) (Gallimard, 2002).
Quand on travaille à l’édition d’une Pléiade, le fait qu’il n’y ait quasiment pas d’inédit est-il frustrant ?
Il y aura beaucoup d'inédits dans le volume IV, qui dialoguent avec la fin de l'œuvre. Nous mettrons à côté des textes qu'il nourrit, le personnage de Théodora Katz, sur lequel Duras travaille très tôt et qui ressurgit à la fin. Elle n'a pas laissé de roman dans le tiroir, il n'y a pas d'inédits majeurs, simplement un certain nombre de textes, partiellement repris dans les Cahiers de la guerre [P.O.L, 2006].
Dans la dernière Pléiade que j'ai faite, en 2010, les Mots et autres écrits autobiographiques de Sartre, j'ai édité du pur inédit, la Reine Albemarle, le livre sur l'Italie dont il n'existait qu'une petite édition incomplète. C'est un peu frustrant aussi. On impose un sens à l'œuvre, on crée l'œuvre en sélectionnant les feuillets, en les mettant dans un certain ordre. Intellectuellement, c'est plus amusant, il est vrai, que de proposer un corpus très travaillé, très lu. Mais dans ces deux premiers volumes, il y a le canon durassien, et puis quelques textes moins lus, le premier théâtre, les scénarios. On connaît celui d'Hiroshima, on oublie qu'elle en fait paraître un autre l'année