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Libération
portrait

Enki Bilal. L’homme piège

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Enki Bilal. Auteur de BD, cinéaste, peintre, cet ex-Yougoslave complexe et secret fait reverdir une planète d’après la catastrophe.
Enki Bilal. (Roberto Frankenberg)
publié le 21 octobre 2011 à 0h00

Il se lève tôt. Il descend la rue Montorgueil avant que les hommes pressés et les femmes serial shoppeuses ne l'arpentent. Il passe au kiosque à journaux, boit un café en feuilletant Libération et compagnie, sans jamais oublier un quotidien serbo-croate.

Dans l’aube fumante, Enki Bilal poursuit son chemin jusqu’à l’église Saint-Eustache. Il monte deux étages, chaloupe sur les tomettes bancales, retrouve son atelier studio. Et se met au travail, après un salut à la tête de zèbre surgi d’un mur où pourraient disparaître les chevaux de Maurizio Cattelan.

L’auteur de BD, cinéaste et peintre, est un matinal, structuré et efficace. Dès l’aurore, il avance comme un train dans la nuit, pour s’aller cadenasser dans une solitude féconde.

Chevalet et ordinateur, pastels et palette graphique. Ni collaborateur ni secrétaire. Il dit : «J'ai besoin d'être seul.» Ou encore : «Je n'arrive pas à déléguer.» Ravi de stupéfier ses confrères japonais qui alignent les assistants comme les zéros sur les chèques. L'après-midi, il va au cinéma. Ou il fait une petite sieste sur le beau canapé assez modeux. Il dit : «On ne peut pas se concentrer plus de quatre ou cinq heures d'affilée.»

La beauté du sport.Gamin, il est excellent footballeur. Il aurait pu jouer avant-centre à l'Etoile rouge de Belgrade. Arrivé en France à 10 ans, anxieux d'interdire l'accès au deux-pièces de la Garenne-Colombes et à la misère familiale, il préfère s'évite