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Libération
Critique

L’ardoise magique de Manset

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Le cahier Livres de Libédossier
Grand voyageur, le chanteur dévoile son album photos.
publié le 22 octobre 2011 à 0h00

«Merci Kodak, Fuji», écrit Gérard Manset à la fin de Journées ensoleillées, et ça sonne curieusement juste. Non comme un hymne à la pellicule, plutôt comme un hommage à une palette de couleurs, qui offre au photographe amateur un arc-en-ciel dans sa poche, toujours disponible. Et aussitôt, fidèle à sa réputation de savoir-vivre, Manset ouvre son album d'ardoises magiques, ses images de voyages en solitaire, engrangées en parallèle de ses dix-neuf albums, dont l'un des premiers, la Mort d'Orion (1970), éblouit les critiques rock de l'époque, bientôt assommés par la séparation des Beatles.

Manset, photographe ? Et pourquoi pas, il fait aussi de la peinture, c'est un autodidacte pur, éliminé au bac en 1962 ! Dans son objectif : beaucoup d'enfants dévisagés, leurs sourires, leurs silences. Des chambres d'hôtel aux lustres tremblants. Des bouts de villes aux quatre coins du monde, ainsi Bangkok, «la plus belle […] du monde. La plus exceptionnellement pure, dont les motifs ciselés s'échappent comme des cantiques dans leur espace azuréen, au lever du jour».

Des pierres vues d'avion qui ressemblent à des hippopotames. Des façades de bar, des bancs héraldiques, des parcmètres exotiques. Et une série de noms magiques, égrenés de page en page, clefs pour «entrer dans le rêve». Manaus et ses chevaux de carnaval. Lomé et ses rues hantées par des femmes aux boubous majestueux. Bogotá et ses rails à la mexicaine, sous une lumière plombée.

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