Voilà un essai qui, à peine paru, a enflammé le Landerneau des écolos. L'auteur avait pris le risque et savait fort bien à quoi il s'exposait. Mieux, ce philosophe frondeur et jouisseur attendait à l'évidence cette épreuve avec gourmandise. Dans le droit fil d'une œuvre qui ne cesse de traquer les régressions de l'époque, Pascal Bruckner veut ajouter un trophée à son palmarès : celui des prophètes de la catastrophe environnementale, grands prêtres de la décroissance, alchimistes des peurs misérables, propagandistes zélés de l'effroi et de la fin du monde. Il dénonce un «fanatisme de l'Apocalypse», une vision du présent et de l'avenir hantée par une obsession : «punir l'Homme».
Pour Bruckner, l'aile la plus radicale des écologistes «recycle le vieil idéal de la pénitence». Il voit ainsi dans l'agitation du chiffon rouge de l'empreinte carbone que chacun laisse derrière lui «l'équivalent gazeux du péché originel». Diable ! Ecartons d'emblée un faux procès : l'auteur ne conteste pas plus les dérèglements climatiques que l'épuisement des ressources fossiles ou même les effets désastreux de la frénésie humaine. C'est donc faire fausse route que de le classer d'un revers de main parmi les irresponsables. Bruckner le répète à maintes reprises : «Nous traversons une crise de mode de vie qui rend les changements impératifs.»
Dans sa charge au vitriol, le philosophe ne se situe pas sur le terrain de la science - qui n'est pas son jardin natur