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Libération

Et omnia vanitas

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publié le 27 octobre 2011 à 0h00

Cela devait finir par arriver : un ancien de Libé s'en est allé toquer à la porte de l'Académie française. Daniel Rondeau, ex-chef des services culture et livres, caresse l'ambition de succéder à Pierre-Jean Rémy au fauteuil 40. Il a déposé une demande en bonne et due forme. Il est résolu à aller tirer autant de sonnettes qu'il le faudra, et même, si c'est nécessaire, à assister aux séances du dictionnaire. Nous lui souhaitons de réussir dans cette entreprise. Le costard vert lui ira à merveille, la coupole du Quai Conti fera jolie au-dessus de sa tête. L'épée à son côté luira de mille feux, tandis que sa pensée lumineuse balaiera l'auguste assemblée comme le faisceau du phare du cap Fréhel fouillant la baie du Mont-Saint-Michel : puissamment, profondément, inlassablement. Et l'on voudrait nous priver de ce spectacle minéral ?

Pourquoi donc l'Académie resterait-elle le pré carré des journalistes du Figaro, du Point, de l'Express et du Nouvel Observateur ? L'organe de la Gauche prolétarienne n'a-t-il pas toute sa place dans le chœur des vanités ? Rondeau fut «établi», il veut aujourd'hui un rond de serviette chez les gens-de-lettres : cettetrajectoire n'est pas seulement cohérente, elle est exemplaire. Car Daniel Rondeau n'est pas de ces branlotins qui aspirent tout petitement, tout minablement à passer «du col Mao au Rotary», pour reprendre le titre d'un pamphlet de jadis. C'est par fidélité à ses idéaux de jeunesse que cet homme d