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Libération
Critique

Joyce et Woolf, promenades aux phares

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Les deux romanciers en biographies dessinées
publié le 3 novembre 2011 à 0h00

On peut se venger d’un écrivain en publiant sa biographie, il suffit de manquer d’imagination. On pouvait donc craindre la publication, l’une en Espagne, l’autre en France, de ces vies de James Joyce et de Virginia Woolf, deux écrivains dont les textes ont, à la même époque, modifié la conscience du monde, du temps, de soi, et dont les caractères étaient épouvantables.

Virginia Woolf rappelle que l'auteur de la Promenade au Pharerejeta Ulysse quand le manuscrit lui fut soumis :«Grossier, inculte, vulgaire», dit la belle Virginia au visage allongé par la mélancolie de Gazier et Ciccolini. Dans ses lettres, Woolf parlait d'un «malappris», d'un «autodidacte», d'un «étudiant peu soigné qui gratte ses boutons». C'était en 1922 et c'est bien, en partie, l'insupportable personnage que donne à voir Alfonso Zapico dans Dublinés, pas encore traduit. Mais Joyce a besoin de merde pour la transformer en or, lui qui écrit à sa femme : «Il y a quelque chose en moi d'un peu démoniaque qui me fait me délecter à briser l'image que les autres se font de moi et à leur prouver que je suis réellement hautain, égoïste, fourbe et indifférent.»

La réussite de Virginia Woolf est dans son trait mélancolique, ses arabesques silencieuses. Celle de Dublinés est dans sa trivialité mutine, facétieuse. L'un, en couleurs et conté du point de vue de Woolf, économise les mots et sort du nuage d'une tasse de thé pour finir dans un regard