Son nom ne vous dira probablement rien. Et pourtant ! Ayn Rand figure tout en haut de la liste des écrivains qui ont marqué le XXe siècle. Lorsque la bibliothèque du Congrès a lancé, en 1991, une enquête sur les livres ayant le plus compté pour les Américains, son roman Atlas Shrugged, traduit aujourd'hui pour la première fois sous le titre la Grève, est arrivé en deuxième position, juste après la Bible. Véritables phénomènes culturels, ses romans et essais sont des références majeures outre-Atlantique, des concentrés d'idéologie qui ont façonné l'imaginaire politique de l'Amérique réactionnaire : la figure légendaire de l'homme libre opprimé par les taxes et l'intrusion du gouvernement central n'y serait sans doute pas si prégnante sans elle. Et le succès actuel du Tea Party, qui vénère ses croisades contre le communisme et sa dénonciation du caractère «semi-socialiste» et «semi-fasciste» du Parti démocrate, lui doit assurément beaucoup.
Puisqu’on s’apprête à célébrer en 2012 les trente ans de sa disparition, on pourra se réjouir qu’Alain Laurent se soit donné pour tâche de retracer, dans un livre riche et dense, l’itinéraire de ce personnage complexe, quasi mythique, qui a voué son existence à une mission : défendre le capitalisme et l’individualisme contre tous les collectivismes.
Gardes rouges. Cette détestation du socialisme, Ayn Rand l'a contractée très jeune. Nous sommes à Petrograd, en 1917. Ayn Rand s'app