Eduardo Galeano Les voix du temps

Les brefs récits de Galeano (une page tout au plus) sont des poèmes en prose qui ne veulent pas l'être, contemplatifs et plats, déjoués d'eux-mêmes, comiques et un poil tristes : «Titina gardait les yeux fermés jour et nuit, enfermée dans la ferme familiale des environs de Las Piedras. Ses yeux avaient sans doute perdu toute envie de voir. On ne sait pas.» Les héros sont des anonymes, ou des personnages historiques à anecdotes. Souvent aussi un animal (Crevettes) ou une plante (le Gingko) pas du tout pongiens car c'est à l'aune du cosmos que Galeano mesure les vicissitudes et l'espoir humain : «Les mérous, et certains autres poisson, pratiquent en virtuoses l'art de changer de sexe sans intervention chirurgicale. […] Et personne ne se moque d'eux ni ne les accuse de violer les lois de la nature ou celles de Dieu.» é. Lo.

Olivier Frébourg Gaston et Gustave

Gustave, c'est Flaubert. Gaston, c'est l'un des jumeaux dont Frébourg est le père. L'autre, Arthur, n'a pas survécu à leur naissance prématurée. Gaston et Gustave raconte ce drame, cette survie. Le livre débute par un voyage de trop à Saint-Malo, une virée professionnelle qui anime l'auteur et fatigue sa femme enceinte. Quand il s'achève, elle l'a quitté. C'était «une femme de gravité et d'écume». Flaubert ne se contente pas d'accompagner le deuil de Frébourg, ses voyages à l'étranger ou à pied le long de la Loire, l'exploration d