Qu'on ne se méprenne pas : ce titre, Manifeste. Féministe, n'introduit pas un pamphlet de Laure Adler, il reprend la dénomination de cette collection qui fédère autour d'un maître d'œuvre des personnalités de tout bord, unies par une commune valeur, sur laquelle elles sont invitées à s'exprimer. Convier à un semblable projet Claude Garache, Xavier Lambours, Christian Lacroix et onze autres hommes de renom portait à croire que chacun irait de sa plume ou de ses mots - le livre alterne articles et interviews - pour exposer les causes et les aboutissants de son féminisme. Le résultat est tout autre, et c'est tant mieux, car il est surprenant, enrichissant, émouvant et délicieux parfois, voire dérangeant pour les théoricien(ne)s du féminisme et ses militant(e)s.
Si Adler a soin, en introduction, de rappeler l’existence passée d’un féminisme au masculin, ses invités partent de leur vécu plus souvent privé (Stéphane Hessel, Edgar Morin) que public (Lionel Jospin, René Frydman) et de ce fait se focalisent davantage sur leur appréhension (dans ses deux sens) du féminin, que sur leur définition du féminisme, souvent conclusion de leur contribution. Leur approche s’enracine, à l’évidence, dans l’enfance, avant de s’épanouir dans une relation complice, affective, amoureuse, voire sexuelle, cette dernière - réalité ou pudeur ? - présentée comme un élément parmi d’autres, sans être le fondement de la rencontre sexuée.
La figure de la mère et celle de la femme dominent ces pages ;