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Libération
Critique

Afghans, l’impossible soumission

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Alors que l’Otan projette le retrait de ses troupes, deux livres s’emparent des blocages et des enjeux du conflit.
publié le 12 novembre 2011 à 0h00

Parce que c’est un pays qui permet l’envol de l’imagination, mêle l’intrigue la plus basse à la stratégie la plus noble, où les plus belles histoires finissent toujours mal, l’Afghanistan est une terre pour écrivains. Or, il faut bien reconnaître que ceux-ci, hormis quelques noms sans cesse rabâchés, ont peu répondu à son appel.

Par chance, il arrive parfois qu’un chercheur ait l’âme écrivaine et la rencontre est belle alors. Spécialiste de l’art et de la littérature du monde médiéval musulman, Mike Barry écrit sur l’Afghanistan avec la précision d’un érudit, l’amour d’un mystique et une passion quasiment romanesque. Sa chronique de cet Afghanistan de l’insolence, dont une nouvelle édition augmentée vient de paraître, s’étend sur un demi-millénaire. Elle est bâtie autour de l’idée qu’il est toujours impossible de soumettre les montagnes afghanes. Les Moghols, les Perses, les Britanniques, les Russes s’y cassèrent les dents, et aujourd’hui la coalition de l’Otan, soit la plus formidable armada qui ait jamais existé de par le monde, se voit obligée de chercher la négociation avec une armée de gueux, qui ont pour nom talibans, avec l’espoir de sortir la tête haute d’un pays où elle n’a cessé de s’enliser.

Ce que Mike Barry cherche à percer dans son ouvrage, c’est l’être de l’Afghanistan. Car, ici, c’est non seulement l’Asie centrale qui rencontre les Indes et la Perse, ce qui complique déjà les analyses, mais s’ajoutent encore les spécificités afghanes, dont certaines ont peu var