Dans les années 60, alors que l'écrivain Robert Margerit publiait les quatre tomes d'une monumentale saga sur la Révolution française, son ami, le poète Georges-Emmanuel Clancier, écrivait : «Si, de tous les ouvrages que notre siècle a consacrés à la Grande Révolution, il me fallait n'en garder qu'un, ce serait celui-ci.» Près de cinquante ans plus tard, les éditions Phébus rééditent l'épopée en deux gros volumes, et le commentaire de Georges-Emmanuel Clancier reste d'actualité.
Car cette Révolution aux sous-titres évocateurs - «Les autels de la peur», «Un vent d'acier», «Les hommes perdus»… - est plus qu'un roman historique ou une biographie classique. Douze années ont été nécessaires à la naissance de cette fresque, dont l'idée maîtresse fut de raconter 1789 à travers une poignée de personnages fictifs sans se permettre la moindre liberté avec l'histoire en pleine ébullition. Ces incarnations littéraires - Claude Mounier, jeune avocat de Limoges, député des états généraux ; Bernard Delmay, soldat volontaire, bientôt général… - se mêlent aux grandes figures que furent Robespierre, Danton ou Saint-Just, les faisant revivre avec un réalisme étonnant.
On suit donc ( avec un luxe de détails sur les vêtements, les lieux, la météo, etc.) les premiers pas de l’Assemblée constituante, les discours enfiévrés des clubs, les journées d’émeutes, les batailles incertaines, l’improvisation et l’urgence permanente, et cette fuite éperdue, ce tourbillon sanglant qui jettera