Yves Simon Un homme ordinaire

«Très tôt, je fus préoccupé par mon avenir, par les scénarios qu'il me faudrait inventer afin de m'extraire d'une précarité conduisant irrémédiablement à l'échec. Et toi, pardonne-moi, tu étais le symbole flagrant de cette condition blessante que je me mis à détester. Pour toi, le summum de la réussite était que je devienne ingénieur à la SNCF.» Selon le principe de la collection (une lettre non envoyée), l'écrivain chanteur écrit à son père, décédé d'un cancer quand il avait 20 ans. André Simon était cantonnier-poseur, dans les Vosges. «Je fus sans concession avec toi. Tu fus d'une infinie tendresse avec moi.» Yves Simon égrène les traces de ses manquements, en regard des preuves d'abnégation, de délicatesse, de générosité ingénieuse discrètement apportées par cet «homme ordinaire» dont il aura su, malgré tout, accompagner la mort. Cl. D.

Tennessee Williams De vous à moi

Vivien Leigh «a la flamboyance délicate d'une orchidée. Lorsqu'elle monte sur la scène, elle la domine comme si elle y était arrivée suspendue au bec d'une cigogne». Liz Taylor est «ce croisement entre une fleur et le rocher où elle a poussé». Celui qui les décrit en quelques lignes d'amour précis, elles et Anna Magnani et Carson McCullers et la jeune Sagan et d'autres, les a vues jouer ses propres œuvres, sur les planches ou au cinéma. Dans ces textes de circonstances, publiés tout au long de sa vie, Tennessee Williams évoque sa jeunesse, ses débuts