En 1925, André Gide part au Congo et au Tchad pour un long voyage qui va l'emmener aux frontières de l'écriture et du reportage. De retour de cette épopée sur les fleuves Logone et Chari à bord d'une canonnière, il publie deux récits chez Gallimard : Voyages au Congo et le Retour du Tchad. Sans être des brûlots anticolonialistes, les deux textes décrivent les pitoyables conditions de vie des Noirs et dénoncent la ségrégation raciale, provoquant les foudres de la droite.
Près d’un siècle plus tard, un projet franco-tchadien propose de réitérer l’aventure sur un bateau à fond plat construit selon les plans de celui de Gide. Ecrivain et photographe tchadiens, universitaire et aquarelliste français sont invités à son bord pour croiser leur regard et leur art le long des quelque 400 km empruntés par leur illustre prédécesseur.
De ce récit au cœur des ténèbres, pour reprendre le titre du livre de Joseph Conrad, autre grand aventurier du continent noir, il ressort un beau carnet de voyage, illustré par Joël Alessandra, également auteur de bandes dessinées. L’ambitieux projet de départ est vite abandonné pour cause de bancs de sable stoppant impitoyablement le bateau, mais le périple gagne en intimité lorsque quatre membres décident de poursuivre leur chemin à bord d’une pirogue jusqu’aux rives du lac Tchad, objectif final de la mission.
Les planches couleur sépia relatant le voyage de Gide alternent avec les croquis et dessins de l'expédition de 2010. Simples silhoue