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Libération
Critique

Misère : Jean Ziegler crie et décrit

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L’ex-rapporteur de l’ONU pour le droit à l’alimentation raconte sans fard la réalité de la pauvreté dans le monde.
publié le 26 novembre 2011 à 0h00

Jean Ziegler a fait de ses livres et de sa vie un brûlot : contre les banques, contre son pays (la Suisse), contre l'arrogance de l'Occident à l'endroit des pays du Sud… Cette fois, l'homme qui «entretient sa colère en voyant la misère des pays», celui qui, huit années durant, fut rapporteur spécial des Nations unies pour le droit à l'alimentation, s'attaque à la géopolitique de la faim.

Destruction massive n'est pas un livre de plus sur l'ampleur d'une destruction par la faim qui, chaque année, frappe des dizaines de millions d'hommes, de femmes et d'enfants. Certes, l'état des lieux rappelle (si besoin était) qu'un enfant de moins de 10 ans meurt de faim toutes les cinq secondes, tandis que des dizaines de millions d'autres, et leurs parents avec eux, souffrent de la sous-alimentation et de ses terribles séquelles physiques et psychologiques. Il s'agit aussi de marteler quelques évidences théoriques, même lorsqu'elles n'ont aucune prise sur la réalité. Comme, par exemple, ce que nombre d'experts savent bien : l'agriculture d'aujourd'hui est en mesure de nourrir normalement 12 milliards d'êtres humains, soit près du double de la population mondiale.

Comme toujours avec Jean Ziegler, qui se fit connaître en 1976 avec la parution de son livre Une Suisse au-dessus de tout soupçon, la souffrance a un visage, l'oppression un nom. La géopolitique de la faim, telle que nous la propose l'auteur, devient une sorte d'invitation au voyage. Car Ziegler a côtoyé