Les unes de Hara-Kiri sont en ligne (1), celles de Charlie Hebdo en jaune. Il y en a un peu plus, mille exactement, comptabilisées depuis la renaissance de Charlie, en 1992, jusqu'au 17 août dernier.
Avant ça, il y avait eu la première mouture, que Wolinski raconte au début du recueil. C'était le 3 février 1969 : «Parfois, Coluche téléphonait, et nous allions finir la soirée dans sa maison du parc Montsouris. Sa femme nous faisait une montagne de frites et ensuite nous allions rouler dans les coussins de son immense living avec les copines. J'avais coutume de dire : "Celles qui viennent pour la première fois, c'est des filles bien, mais celles qui reviennent, c'est des salopes !"» Au bas de la page, une blague en une ligne, comme à toutes les pages : «Stéphanie a appelé son enfant Louis. Et pourquoi pas Albert ? Parce qu'elle a estimé que ça faisait un peu pédé.» Oui, c'est vrai, Charlie Hebdo n'a pas inventé le queer.
En revanche, il a réinventé le rire. Charlie, c'est l'énormité, les pieds dans le plat, le scato comme arme apotropaïque : autant aller jusque-là tout de suite pour être sûr que cela n'arrive pas. Parfois, quand la politique est très malade, la simple caricature suffit. Ainsi cette une de Charb en 1994 avec un Balladur énervé : «Consommez ! Pauvres ! Ou je demande à l'Otan de bombarder les banlieues !» Il y a l'humour mélancolique aussi, comme dans ce gag de Luz : «L'Ethiopie a enfin son