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Critique

La chevauchée de Walkyrie

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L’impossible amour après la guerre par le Brésilien Campos de Carvalho
publié le 1er décembre 2011 à 0h00

Campos de Carvalho (1916-1998), ce n'est pas sa fête. Ni dans l'Histoire de la littérature brésilienne (1996) de Massaud Moisés (le Lagarde et Michard de là-bas) ni chez les éditeurs français. Moisés parle de trames romanesques lâches régies par une logique absurde, tout en rangeant Walter Campos de Carvalho dans le surréalisme, mais «agressif, ironique, démontant l'ordre conventionnel pour instaurer un chaos générateur d'un monde moins suffocant et permettre au moi de s'épandre, par le jeu de libres et multiples associations, sans jamais se confondre avec la folie». Ce n'est pas faux, mais pas très bandant.

Serrure. A part ça, Campos de Carvalho était procureur de l'Etat de São Paulo, avait commencé par des opuscules comiques qu'il renia plus tard. Il déclara dans un entretien : «Les gens - et moi-même à l'occasion - m'ont pris pour un fou, mais une visite dans un asile, hélas, a suffi pour me détromper.» Rien de foutraque en tout cas dans la Vache au nez subtil (1961), admirablement traduit par Emmanuel Tugny. Logique de mort, au contraire, dès la première phrase : «Où loge Monsieur ? Hôtel Terminus. Mais il n'y a aucun Hôtel Terminus, ici. C'est ce que vous croyez.» Terminus, tout le monde se fait descendre. Le narrateur est un rescapé du dernier grand conflit mondial, il a connu les tranchées, et il n'est pas à proprement parler misanthrope : c'est plutôt comme si l'humanité avait déserté sa r