Les biographies de Sylvia Plath (1932-1963) sont grosses. Défaut des écrivains trop proches de notre société de l’information. On connaît de sa vie la plupart des détails : quelles gravures exactement (représentant la déesse Isis) elle suspendit au mur de quel appartement ; avec qui elle dîna (T.S. Eliot) cinq jours après son premier accouchement (ayant eu lieu à 5 h 45) et comment, quelques mois avant de se suicider, elle tente de se distraire en pratiquant l’apiculture comme son père, en montant un cheval nommé Ariel et en lisant Médée d’Euripide.
Les biographies de Sylvia Plath (morte à 30 ans) commencent par conséquent tôt. Celle que donne le volume de ses Œuvres chez Gallimard remonte à 1885 : «13 avril. Naissance d'Otto Emil Platt, père de Sylvia, à Grabow, en Prusse orientale. Il est le fils aîné d'une famille de six enfants, nés d'Ernestine Kottke et Theodore Platt, artisan forgeron. Ernestine passe pour une femme mélancolique, éprouvée par les maternités successives. Elle souffre d'un ulcère à la jambe dont elle ne guérira jamais.»
Mélancolie. Certes, mais pour quoi faire ? Il faut attendre 1940 pour apprendre que le père de Sylvia Plath est amputé de la jambe suite à une gangrène diabétique, peu avant de mourir d'un cancer du poumon. On suppose qu'il faut donc lire dans cette jambe une histoire de filiation. Quant à la mélancolie de la grand-mère, elle passera direct dans le sang de Sylvia, mélancolie dont Patricia Godi