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Libération
Critique

Thérapie du colon

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Quand «le Blanc» allait aux eaux pour se guérir des tropiques
publié le 8 décembre 2011 à 0h00

L'entreprise coloniale supposait pour réussir que les Européens puissent s'adapter aux différents climats des territoires conquis. Or, une telle idée ne fit jamais l'unanimité. A l'inverse, la médecine, longtemps environnementaliste, estimait pratiquement impossible de s'acclimater aux tropiques, espaces malsains, morbides, débilitants, où l'«Homme blanc» risquait en permanence sa santé et sa vie. Pire même, les efforts d'adaptation pouvaient se révéler funestes et susciter la dégénération. «Un homme acclimaté est un homme anémié», note un médecin. Face à ce «pessimisme climatique», le lobby colonial dut se montrer inventif. La riposte résida dans le thermalisme, présenté comme la thérapie propre à «détoxifier» le corps colonial. C'est à ces relations inattendues entre climatisme, thermalisme et colonialisme français qu'est consacré ce livre original venu d'outre-Atlantique.

Au colonial miné par le poison climatique, le thermalisme permettait le «nettoiement des viscères par un lavage intérieur», la régénération des tissus et surtout la décongestion du foie, l'organe le plus fragile et le plus malmené par les climats chauds. Partout où ils le purent, les Français développèrent donc des stations, si possible en altitude, où l'on pouvait prendre les eaux par immersion, inhalation, pulvérisation ou ingestion. En Guadeloupe (la Ravine-Chaude, Dolé, Camp-Jacob), à la Réunion (Cilaos, Salazie), à Madagascar (Antsirabe), en Tunisie (Korbo