Cruel paradoxe, à 55 ans, le premier porte toujours beau, tandis que la seconde, qui aurait eu l’âge d’être sa fille, n’est plus, sacrifiée sur l’autel de la rock’n’roll attitude.
Un quart de siècle journalistique sépare Chris Isaak d'Amy Winehouse, selon la chronologie des Inrockuptibles. Car si l'on fait le rapprochement, par-delà leurs émérites carrières musicales, c'est que l'un et l'autre occupent à ce jour les deux extrémités de la saga du magazine culturel.
En mars 1986, Chris Isaak a fait la couverture du numéro 1, tiré à 3 000 exemplaires, matrice d’une aventure éditoriale et humaine dont ses instigateurs ignoraient naturellement encore tout de la fameuse trajectoire pérenne.
Amy Winehouse, elle, apparaît en une du numéro daté du 30 novembre 2011 qui, pour des raisons de bouclage, ne figure pas dans l'aussi richement documenté - un best-of de 500 pages denses - que pesamment titré les Inrockuptibles, 25 ans d'insoumission.
D'abord bimestrielle, puis mensuelle et enfin hebdomadaire, l'idée de la revue à la réputation intransigeante est née en réaction frustrée à «la presse rock institutionnelle», autour d'une poignée de potes traînassant à la fin des années 70 à Etretat, ainsi que le raconte - en intro à la sincérité elliptique - le journaliste Serge Kaganski, ultime gardien du temple (avec Jean-Daniel Beauvallet).
Ce genre de rencontre produit parfois des guitar heroes. Dans ce cas, il générera un vivier de plumes, aiguisées,