On n’a pas oublié que pendant sa courte vie - il est mort à 40 ans -, il fut marin, chasseur de phoques, coureur de bois, chercheur d’or, vagabond, militant socialiste, et aussi l’incomparable correspondant de guerre. Les passionnés de Jack London ajouteront qu’il fut aussi pilleur d’huîtres, blanchisseur, agriculteur, navigateur.
En revanche, rares sont ceux qui savent qu’il fut photographe. Non pour montrer qu’il passa par ici ou par là, mais pour témoigner du monde, de l’injustice et, éventuellement, de la légitime révolte. Au total, 12 000 clichés, ce qui montre bien que la photographie avait pour lui une importance peut-être pas moindre que l’écriture. Les images qui sont reproduites ici ne disent d’ailleurs pas autre chose que ses écrits. Refus des stéréotypes, de l’exotisme, de la «couleur locale», du sentimental et de ce qui a sa place dans l’album de vacances, mais quête des abysses où l’homme se perd, et qu’il fouille avec son Kodak 3A sous une sombre lumière.
Les images retenues nous emmènent donc à la guerre, celle russo-japonaise de 1904, et à la révolution mexicaine de 1914, parmi les drogués, prostituées et clochards du «peuple d’en bas» de l’East End de Londres, les indigènes des mers du Sud, ou sur le tremblement de terre de 1906, qui détruisit San Francisco, sa ville natale.
Sur ce dernier sujet, on voit déjà un photographe accompli. «Il nous dévoile […] un grand corps mort, dépecé par les forces telluriques, à la manière d'une autopsie. Ici, pas de gros p