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Libération

Histoires d’os

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publié le 15 décembre 2011 à 0h00

L'un se veut une revue des plus chics, l'autre se voulait le journal le plus trash. Rien ne relie a priori The New Yorker et Hara-Kiri. Si ce n'est que les deux organes de presse ont toujours fait la part belle au dessin d'humour, même si ce n'est certes pas le même humour. Il y en a pour tous les goûts : le bon et le mauvais.

Le nouveau volume de l'anthologie d'Hara-Kiri, qui couvre les années 1960-1985, s'intitule Jusqu'à l'os, titre qu'explicite la présentation de Cavanna : «Pire que le pire du pire ? Ça, c'est pas possible. Tu crois ? Gratte, mon ami, gratte ! Et creuse, et mords, et rage. Jusqu'à l'os, mon ami, jusqu'à l'os.» Encore plus que drôle, l'album est estomaquant tellement ses blagues viennent d'un autre temps, d'un autre monde. On n'imagine plus une page de journal où, après la phrase choc «Les pédophiles guettent votre enfant !», le conseil asséné par la rédaction est : «Ne le laissez pas sortir sans son tube de vaseline.» D'autant que l'image représente un individu patibulaire caché derrière un arbre et observant un enfant qui passe avec, sur le dos, son sac et un tube de vaseline. Tellement grand qu'on ne sait plus exactement à quoi s'applique le mot du gamin, souriant : «Géant !»

On voit beaucoup de bites et de chattes, aussi, mais ce ne sont pas celles de modèles magnifiques, comme s'il fallait bannir même l'érotisme au profit de l'obscénité pure. Le journal «bête, méchant