Al'époque, il n'était pas question de CP et de CM2 mais de douzième, onzième, dixième, et ainsi de suite jusqu'à la septième, comme un compte à rebours propédeutique à la grande envolée vers les cieux de la grande école, le secondaire. Et il n'était guère d'école primaire républicaine et laïque qui n'ait sur ses murs, ou serrée dans un meuble ad hoc, une collection de tableaux polychromes, planches censément pédagogiques représentant les exploits de la science (Pasteur vaccinant contre la rage le petit Joseph Meister), les essentiels de la géographie (plaine, vallée, montagne, océan), les quatre saisons (en une seule scène où il fait soleil en plein hiver et neige en été) et, surtout, les grandes dates de notre belle histoire de France.
Vercingétorix jetant ses armes aux pieds de César (Alésia), Jeanne d’Arc à Domrémy (les voix), Louis XVI à Varennes (la fuite), Napoléon à Sainte-Hélène (l’exil), Lyautey au Maroc (le pacificateur), Clemenceau dans les tranchées (le père la victoire), les Amerloques débarquant en Normandie (les alliés). Et puis rideau ! Du moins pour ceux qui furent écoliers dans les années 60 quand De Gaulle et la fin de la guerre d’Algérie n’étaient pas encore de l’histoire mais des actualités.
La reproduction de 160 affiches scolaires fait son petit effet de madeleine : Bernard Palissy brûlant ses meubles pour cuire sa vaisselle, Ravaillac et son couteau d'assassin de notre bon roi Henri, Marie-Antoinette et ses moutons à la con. On s'y retrouve, on