«J'ai décidé de remettre les affaires en ordre réellement et profondément. Je ne cache pas que notre pays va se trouver quelque temps à l'épreuve, mais le rétablissement visé est tel qu'il peut nous payer de tout. Sans l'effort de mise en ordre avec les sacrifices qu'il requiert, nous resterions un pays à la traîne, oscillant perpétuellement entre le drame et la médiocrité.» Ces mots sont ceux du général de Gaulle, en 1958, quand après vingt-sept ans de déficit budgétaire et une cascade de crises politiques, il revient au pouvoir, bien décidé à «remettre la République en place». Il confie à l'économiste atypique Jacques Rueff le soin de conduire un plan radical de «redressement», qui bouleverse nombre d'habitudes et de clientèles électorales, taille sauvagement dans d'abondantes niches fiscales, consolide la monnaie et remet le pays sur les rails en un temps record.
C'est précisément le discours et le scénario dont rêve Jean Peyrelevade, dans France, état critique, un dialogue écrit avec notre confrère Pierre-Antoine Delhommais. Un livre qu'il faut lire accroché à la balustrade, tant la charge est violente et le tableau de la situation, sans concessions. Il y a du Nicolas Baverez chez l'ex-président du Crédit Lyonnais qui partage nombre des sombres diagnostics de l'auteur de La France qui tombe.
Un pays vivant dans sa bulle, obsédé par sa propre histoire pour mieux se protéger des réalités du monde. Un peuple qui flatte son génie un