Contre l'idée que la littérature (et la philo, et les arts, et tout ce qui est humain) ne servirait plus à rien à l'école, qu'il faudrait que 80% de l'enseignement soit consacrés aux 20% de connaissances requis par l'entreprise, mais aussi contre la tentation du Pensionnat de Chavagnes et d'un retour à l'ordre moral esthétique, le philosophe Jean-Marie Schaeffer publiait en février une Petite écologie des études littéraires, sous-titrée «Pourquoi et comment étudier la littérature ?».
Issu d'une série de conférences, cet essai répond d'abord aux angoisses des enseignants de Lettres qui ont l'impression de ne plus rien transmettre. Puis, chemin faisant, il entre dans les bois conceptuels de l'intentionnalité et des rapports entre description, compréhension et explication. Le tout d'inspiration analytique, et se rangeant du côté d'un naturalisme esthétique qui renie Kant à contrecœur, en renonçant à faire l'épistémologie des sciences cognitives. Le résultat est brillant, stimulant, utile. Jean-Marie Schaeffer, niant une crise de la littérature mais reconnaissant une disgrâce des études littéraires, appelle les littéraires à une remise en question sans dépit de leurs pratiques : il faut que «nous - qui aimons les œuvres littéraires - acceptions de réfléchir sur ce que nous faisons lorsque nous étudions ce que par ailleurs nous aimons».
De quoi le littéraire est-il malade ?
Les façons d’apprendre la littérature à l’école ne marchent plus, elles sont inconciliables avec l’évolution de