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Critique

Hitler affûté au crayon

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Le cahier Livres de Libédossier
Très documentée et réaliste, l’œuvre du mangaka Mizuki retrace l’irrésistible ascension du dirigeant nazi.
publié le 31 décembre 2011 à 0h00

Il fulmine, il trépigne, il pleure et harangue. Avant la chute finale, le 30 avril 1945, au milieu des décombres de son bunker à Berlin. Dans cette rigoureuse biographie dessinée et publiée en 1971 au Japon, Shigeru Mizuki a choisi de camper un Hitler insaisissable pour explorer les facettes d'un personnage protéiforme, entre l'étudiant raté et le chancelier du IIIe Reich.

Le mangaka japonais livre moins une énième histoire de l'Allemagne nazie et de ses horreurs qu'une tentative de portrait presque dépassionnée, au plus près du chef de guerre, au milieu de ses sbires et des dirigeants occidentaux et asiatiques. Sans juger, ni condamner. Seul le coup de crayon caricatural croque la folie totale de l'homme et de son projet final. «Mon empire durera mille ans», répète Hitler au fil des pages à la mise en scène sobre, presque clinique pour l'univers du manga d'habitude bien plus débridé.

Shigeru Mizuki s'en tient à l'homme et aux faits, même s'il reste bien trop minimaliste sur la solution finale réservée aux Juifs. L'auteur a toutefois produit une œuvre très documentée, dont le déroulé chronologique et l'exposé réaliste et crépusculaire témoignent de l'irrésistible ascension du guide nazi. C'est à l'étudiant des Beaux-Arts paumé que s'intéresse Mizuki au début de sa biographie. Hitler a 19 ans, il vit à Vienne. Admirateur de Wagner, il s'imagine artiste architecte et se voit en «génie méconnu». Il est timide, haineux et antimilitariste. Avant de fair