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Chico Buarque et son vieillard de vivre

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Le cahier Livres de Libédossier
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publié le 12 janvier 2012 à 0h00

«Quand je sortirai d’ici» sont les premiers mots de Quand je sortirai d’ici (dont le titre original est Leite derramado, «lait répandu») et «ici» représente des choses diverses, l’hôpital où est enfermé le vieux descendant d’une riche famille brésilienne appauvrie, la vie qu’il s’apprête manifestement à quitter, sa généalogie infernale et son histoire personnelle qui l’emprisonnent. Tout le roman est conçu sur le principe des «pensées parallèles». Mille choses se confondent et s’agglomèrent dans le monologue intérieur du mourant qui s’adresse le plus souvent à une femme - son infirmière, sa fille, sa mère morte - pour constituer ses mémoires. Mais la mémoire est «un chaos».«Ce qu’il ne faut pas c’est qu’une personne extérieure s’en mêle, telle la femme de ménage qui déplace ma paperasse pour épousseter le bureau.» D’autant que le temps n’a pas sur le bonheur et la joie de vivre le déplorable effet qu’on lui prête souvent. «Mais bien avant la maladie et la vieillesse, peut-être ma vie était-elle déjà un peu ainsi, une petite douleur ennuyeuse qui m’assaillait sans cesse et, soudain, une dérouillée atroce.» Ses parents persistent à peser sur lui de façon épouvantable. «Qui sait si, par inadvertance, je ne m’étais pas approprié la volupté de mon père, de la même façon que du jour au lendemain j’avais hérité de ses cravates, cigares, négoces, biens immobiliers, et d’une éventuelle carrière en politique.»«Et un jour maman m’a fa