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Libération
Critique

La vie duraille

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Le cahier Livres de Libédossier
Le voyage organisé d’auteurs français en Transsibérien
publié le 12 janvier 2012 à 0h00

Soit deux écrivains, A. et B.. Tous deux sont embarqués dans le même voyage et ont envie d'en publier le récit à leur retour. Jaloux d'avance de ce que l'autre pourrait produire, ils s'épient sans arrêt, gardent par devers soi les éléments les plus croustillants et tentent de tromper l'autre par de fausses informations pour discréditer le livre à venir. A. est dur de la feuille, B. en profite. «Les monts de quoi ? dit A. - Du Karambar», déforme B. pour Karabagh. C'est l'histoire qui a germé dans l'esprit de Danièle Sallenave dans le bus qui la menait avec plusieurs de ses congénères, dont l'auteur de cet article, vers le mythique lac Baïkal, dans le sud de la Sibérie, un matin de juin 2010.

Comme ses auteurs imaginaires, elle était elle-même partie avec dans la tête un livre au bout du périple, et prenait méticuleusement des notes. Non loin d’elle, l’académicien Dominique Fernandez, grand arpenteur du globe et généreux pourvoyeur de comptes rendus, ne loupait pas non plus une miette du circuit, en train d’engranger pour son propre récit qui serait agrémenté des images de Ferrante Ferranti. Mais tous les deux, Danièle Sallenave et Dominique Fernandez, s’étaient entendus en chemin pour sortir en librairie de concert. Double écho d’un même périple sibérien chez deux éditeurs différents, c’était A. qui soutenait B., et vice-versa.

Colonie. Soit quatorze écrivains français installés dans le Transsibérien. Cornaquez, mélangez et regardez décanter. C'est l'h