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Libération
Critique

Le bon fauve âge

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Le cahier Livres de Libédossier
L’enfance dans la jungle de Brooklyn, premier roman de l’Américain Justin Torres
publié le 12 janvier 2012 à 0h00

S'il fallait rapprocher le premier roman de Justin Torres d'un autre livre, c'est du côté d'un album pour enfants qu'on irait chercher. Where the Wild Things Are de Maurice Sendak (Max et les Maximonstres, en V.F.), soit la célèbre histoire de ce gamin turbulent que sa mère prive de dîner et qui, dans sa chambre, imagine une forêt ; un océan cogne à sa fenêtre, et le voilà parti pour un pays peuplé d'effrayantes créatures, qu'il aura tôt fait de soumettre à son pouvoir, se débrouillant même pour devenir leur roi. La sauvagerie de la jeunesse, les mondes qu'on s'invente.

Muscles. A l'image de Max, les trois héros de Vie animale habitent une jungle, mais eux presque pour de vrai. Dans leur terrier de Brooklyn, leurs parents se battent comme des fauves, la mère est petite et blanche, le père grand et noir. Les fils les observent en meute, chassent, crient, s'étripent. «On était six mains qui happaient et six pieds qui trépignaient ; on était des frères, des garçons, trois petits rois unis dans un complot pour en avoir encore.» De quoi ? De la musique, des muscles, de la nourriture. Ils ont faim, «Ma» ne cuisine pas beaucoup, ou pas quand il faut. Elle travaille de nuit, cela l'embrouille ; c'est pain de viande au petit-déjeuner, brossage des dents et pyjama l'après-midi. Elle est «violette», «folle», «tout abîmée», son mascara coule. Le jour de l'anniversaire de son dernier, elle tente de le convaincre de ne plus vieillir, de rest