Quelques jours avant que le vilain barbu en habit rouge ne s'introduise dans les conduits de cheminée, c'est-à-dire aux alentours de la mi-décembre, un syndicaliste de la BNF révélait qu'on pouvait acheter des livres de cul via Gallica, le site de la bibliothèque numérique de l'établissement. Oui, il était possible, moyennant finance, de se procurer des ouvrages portant les superbes titres d'A la campagne, je faisais la petite cochonne ou Fliquesse lubrique. Cette découverte laissait entrevoir des continents de plaisirs raffinés et des mers de jouissance subtile. Noël sonnait avant l'heure ! C'était un peu comme si l'on venait de découvrir quelques plans de chanvre indien au milieu des vastes champs de blé de la Beauce. A la campagne, elle faisait la petite cochonne et nous n'en savions rien ! L'eussions-nous su plus tôt que nous aurions immédiatement troqué nos pantoufles pour des sabots pleins de paille et d'articles prophylactiques en latex.
Il était probable qu'à l'annonce de cette nouvelle les gens allaient sortir dans la rue pour laisser exploser leur joie, que mille lampions s'élèveraient dans le ciel pour y écrire en lettres de feu «Vive la petite cochonne» ou toute autre formule véhiculant un enthousiasme justifié. Or non, pas du tout. Le site d'actualités culturelles ActuaLitté s'est aussitôt étranglé : «La légitimité [de ces livres] dans les colonnes de la bibliothèque pose problème»,«le côté grossier des ouvrages n'échappera à person