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Libération
Critique

Manga. Le karaté ne fait pas de quartier (lointain).

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Le cahier Livres de Libédossier
publié le 14 janvier 2012 à 0h00

«A 25 ans, Bunshichi Tanba faisait déjà 98 kilos pour 1,82 m.» Une brute de karateka qui défie les dojos (salles d'entraînement) et estime que les lutteurs - comprenez les catcheurs - ne savent «pas se battre sans scénario». Erreur. Au cours d'un combat contre le spectaculaire mais inconnu Kajiwara, Tanba se sent «minable», «se voit mourir». Quelques années plus tard, alors qu'il n'a eu de cesse de s'entraîner pour prendre sa revanche, le voici prêt à se mesurer à nouveau à un Kajiwara plus impressionnant que jamais.

Publié au Japon au début des années 90, et par l'Equipe Mag cet été, Garôden, scénarisé par le romancier Yumemakura, est un récit haletant qui met en scène des combats violents. Il y a des «gash», des «ssup», des «stomp», des «ssap», qui disent des doigts brisés, des dents cassées, des respirations coupées, la sueur, le sang et aussi parfois la mort. A première lecture, on est loin de Quartier lointain, primé à Angoulême en 2003. Pourtant, il y a cette souplesse de rythme propre à la narration de Taniguchi, qui s'appuie sur l'introspection du personnage principal pour charpenter l'ensemble du récit. Comme Hark Tsui revisitait dans une même philosophie le film de kung-fu en remplaçant les combats par des duels de cuisine (le Festin chinois, 1995), l'auteur du Gourmet solitaire met derrière les coups portés dans Garôden l'humeur détachée qui caractér