On ne va pas cesser de franchir des cercles, chaque chapitre plongeant un peu plus loin dans les secrets noués en 1941, après la fin de la guerre d'Espagne. La Tristesse du Samouraï, premier roman policier traduit en français d'un Catalan né en 1968 (et policier de profession), montre comment les années 40 se prolongent dans les années 80. La tentative du coup d'Etat de 1981 fait sortir des coulisses un sinistre personnage dont le franquisme a fait la fortune. Il s'appelle Publio. Il est député. Apporter la preuve de ses turpitudes est un des enjeux. C'est même, si on y pense, le ressort principal. Mais on n'y pense pas tout de suite. Il faut attendre que l'héroïne, Maria l'avocate, se soit pris le ressort dans la figure.
Blason. Ce qui se passe en 1941 : alors qu'elle s'enfuit avec son plus jeune fils, un enfant psychiquement fragile, la très belle Isabel Mola est interceptée à la gare. Celui qui l'arrête, et va la tuer, c'est son amant. L'enfant se laisse acheter par la promesse d'un cadeau, quelle tristesse : un sabre de samouraï. Isabel Mola est l'épouse malheureuse du chef de la Phalange de Badajoz, qui ne terrorise pas seulement sa famille, mais la province entière. Les bombardements ont cessé, une peur d'une densité autre règne désormais. Ambiance, à la gare, ce jour-là : «Un groupe de jeunes "chemises bleues" fit irruption sur le quai. Ils n'avaient pas encore de poil au menton, mais arboraient avec une fierté toute phalangiste le joug et