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Libération
Critique

Les inuits gardent la tête froide

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L’impact du réchauffement sur les peuples de l’Arctique.
publié le 21 janvier 2012 à 0h00

«Climat : pourquoi ça n'avance pas», titrait en décembre le journal Alternatives économiques, évoquant le dialogue de sourds et la bataille de chiffres des scientifiques sur la question. Les sciences humaines font pourtant bouger les lignes. Ainsi, la géographe Béatrice Collignon vient-elle de publier un texte titré «Les Inuits et les changements climatiques» expliquant que les populations du Grand Nord ont une relation complexe face à la fonte des glaces.

D’un côté, elles se sentent victimes de l’industrialisation mondiale et de l’attitude inconséquente des scientifiques occidentaux - Sheila Watt-Cloutier, Inuit du Nunavik (nord du Québec, Canada), est allée jusqu’à déposer plainte auprès de la Commission interaméricaine des droits de l’homme. De l’autre, elles tirent profit de certains changements (climat moins rude, contacts plus facile avec la culture occidentale, accès à la modernité, au tourisme, etc.).

De fait, ces bouleversements modifient leur culture ancestrale : la flexibilité de la vie inuit imposée par les saisons a ainsi disparu au profit d’un mode de vie avec des congés saisonniers ; le raccourcissement de l’hiver rend désormais impossible les voyages d’un village à l’autre, la banquise étant devenue trop fragile au printemps ; la météo est imprévisible et la chasse problématique.

Autant de changements qui obligent les Inuits à revoir leur rapport au monde et à s’ouvrir à de nouveaux interlocuteurs (climatologues, géologues, biologistes, glaciol